Etude archéologique du bâti, surveillance de travaux et céramologie

Montbozon (Haute-Saône)
La Grosse maison
(propriété privée, visite réglementée)

A l'issue de cette opération, dix états constructifs ont été relevés. Ces derniers appartiennent toutefois à seulement six phases chronologiques, dont la date de 1567 s'avère la référence, puisque a attribuable à la construction de la tour maîtresse.
La construction du logis apparaît effectuée avant celle de la tour maîtresse. Cette hypothèse est établie par la présence d'un pignon à rampant en bâtière au sein de la maçonnerie partagée. Cette présence plaide pour l'existence d'une toiture sur ce pignon, engendrant la construction plus tardive de la tour. Ce postulat est également perceptible en raison de l'absence de liaisons entre les bâtiments —murs sud et nord, mais aussi central—, exception faite de quelques harpages réinsérés. Il en va de même pour la tour flanquée nord-ouest qui vient s'enchâssée dans la maçonnerie primitive du logis.
Durant les constructions des deux tours à chacune des extrémités du logis —puis le percement des deux portes—, il semble qu'une refonte complète du mur ouest et partielle de la façade sud du logis soit opérée. Cette réalisation n'est pas formellement identifiable en raison de la présence des enduits internes mais aussi externes, récemment repris. Cette question reste en suspend et devra être affirmée lors des travaux envisagés dans le logis, notamment après l'enlèvement des enduits.
La troisième phase de transformation s'avère le rehaussement de la toiture du logis. Les rehaussements des murs longitudinaux et des faîtes sont réalisés, afin d'assoir la toiture nouvelle dans son aspect actuel. La datation de ces travaux n'est pas envisageable par cette étude. Il s'ensuit des travaux plus sommaires mais aussi nettement plus tardifs, attribuables au XVIIIe siècle, et plus particulièrement au XIXe siècle et au XXe siècle.
Les réponses aux questions posées sur l'éventualité d'un logis indépendant et primitif sont maintenant résolues. Cependant, l'étude du bâti soulève d'autres interrogations, notamment sur l'ampleur des travaux contemporains ou légèrement postérieurs aux constructions des deux tours. La présence ou l'absence de la galerie de la tour maîtresse semble également un point particulièrement intéressant pour les restitutions des volumes anciens.

Neuvelle-les-la-Charité (Haute-Saône)
Chapelle de l'ancienne abbaye cistercienne de La Charité
(propriété privée, visite réglementée)

A l'issue de l'étude du bâti menée sur les quatre parements externes des quatre murs porteurs périphériques de la chapelle, huit états chronologiques ont été identifiés.
L'état primitif considéré de l'église romane, consacrée en 1148, est bien présent et conservé dans les maçonneries actuelles de la chapelle de 1805. Certes, les multiples reprises de maçonneries, identifiées par le biais de ces huit états, montre une destruction certaine de l'église primitive. Malgré ces morcellements, les indices architecturaux identifiés sur le terrain témoignent d'une véracité correcte de ce plan, même si d'autres interprétations ou propositions peuvent être faites sur l'existence d'une première travée du collatéral latéral du bras nord du transept.
Contrairement à ce premier édifice, l'église reconstruite à cet emplacement dispose quant à elle de vestiges autrement plus importants. Les maçonneries structurales, comme les façades nord et est actuelles, mais aussi tous les pilastres nord du chœur et de la croisée sont encore présents, enchâssés au sein des contreforts bâtis après le milieu du XIXe s. En revanche, au regard des deux iconographies qui nous sont parvenues, le plan de J. A. Dupoirier et le dessin publié dans l'article de A. Shaad, aucune concordance n'est constatée. Ces représentations signalent une église pourvue d'un seul vaisseau —chœur à pans, et nef— et nullement de bas-côtés. Dans la description de 1781, il est toutefois mentionné la présence de bas-côtés, retrouvés par ailleurs par l'étude du bâti dans les maçonneries de l'actuelle chapelle.
Enfin, la chapelle bâtie en 1805 est encore parfaitement repérée. Seuls des réparations, les ajouts des contreforts ou les obturations des cinq ouvertures sont relevés et modifient l'aspect originellement du basôté. Il faut enfin envisager la présence d'un espace au Sud-Ouest de cette chapelle, c'est-à-dire au Sud de l'actuel chœur —sacristie ? Aucune trace ne le signale sur les maçonneries, mais la vaste ouverture y laisse fortement penser.
Cette étude atteint ici ces limites. Si les questions posées ont maintenant trouvé un certain nombre de réponse, la présence d'une première travée médiévale du collatéral latéral du bras nord du transept ainsi qu'une éventuelle sacristie à la chapelle de 1805 ne peut être envisagé davantage par cette étude.

Chassagne-Saint-Denis (Doubs)
Château de Scey dit Castel Saint-Denis (2009-2010)
Les opérations 2004-2008 & 2011 sont réalisées dans le cadre de mission du CNRS, St. Guyot sous la dir.

L’analyse de l’enceinte sud de la basse-cour n’a pas permis de mettre en évidence les traces des parements. Seules les bribes du mortier de chaux de la fourrure stipulaient son plan. Pour des raisons constructives, le tracé est conservé mais de manière plus aléatoire. En effet, la mise en sécurité du public a contraint les équipes à adapter les consolidations au massif rocheux existant.
L’étude archéologique s’est cantonnée à l’analyse des maçonneries du logis de la poterne.Celle-ci a entièrement été conduite en relevé pierre à pierre, soit une superficie totale de près de 1300 m2 de parements relevés, décrits et analysés, auquel il faut ajouter les coupes nordde ces deux espaces.
Malgré un travail alent et fastidieux, les résultants établis confortent l’idée, émise depuis 2006, que les logis qui apparaissent homogènes admettent en réalité d’importants aménagements structurels entre le XIIIe siècle et le démantèlement de 1674. L’homogénéité première de ces deux espaces se scinde parfaitement selon les constructions successives. L’étude du bâti a ainsi permis d'installer les réflexions sur la superficie des pièces par époque constructive mais aussi par niveaux architecturaux.
L’édification originelle établie selon la tradition dans le courant du XIVe siècle semble être plus ancienne. L’étude 2011 répondra certainement à cette question mais les premières investigations menées dans la moitié ouest du Treulle laissent à penser que la construction de ce dernier ou tout autre espace à ce même emplacement intervient dans le courant du XIIIe siècle, après toutefois la construction du donjon Montsoufflot, daté de la fin du XIIe siècle.
Le Treulle du XIVe siècle apparaît nettement contre cette partie “primitive”. Le mode constructif est maintenant bien cerné. Les parements bien que grossiers présentent un certain nombre de moellons en réemploi, identifiés comme appartenant à un bâti du XIIe siècle. Cette étape donne ainsi la hauteur et le tracé de la construction actuelle. Certes, les limites est s’avèrent mal établies mais plusieurs indices envisagent un pignon à l’actuel emplacement du MUR 495, sous l’escalier ESC 526. Une façade sud dotée d’un fruit assez conséquent prend ainsi la suite en direction de l’Est.
L’adjonction du logis de la poterne par Philippe de Vienne, 3e du nom, vers 1494 entraîne des modifications notables dans la physionomie du Treulle du XIVe siècle. Le pignon est est ainsi entièrement démantelé afin de chaîner la nouvelle construction. Le MUR 495 scinde ainsi cet espace en deux pièces. A l’Est, la présence de la poterne armoriée témoigne d’un accès et en conséquence de la présence d’un escalier. Celuifera la continuité de l’unité du XIVe siècle, déjà présent dans l’espace voûté. Les poutraisons sont mises en place dans le secteuret conservées dans le 33. Il faut noter que l’absence de cheminées dans les deux logis et une faible hauteur de plafond tend à envisager une utilisation de service plutôt que celle d’habitat.
Outre la création de la basse-cour, Richard Maire engage des travaux colossaux aux niveaux des logis. Si celui Montsoufflot est entièrement refondé, sa reconstruction et plus particulièrement celle du MUR 458 affecte les logis de la poterne et du Treulle. Cette reconstruction entraîne en effet le reprise de l’ensemble des niveaux horizontaux du logis de la poterne. A la fin du XVIe siècle, toutes les poutraisons installées dans ce dernier espace deviennent obsolètes, puisque l’arc monumental interdit dorénavant leur maintien. Le logis de la poterne devient en conséquence un espace vide verticalement du niveau -3 au niveau 0. Quant au Treulle, l’implantation des poutraisons n’évolue guère.
Le démantèlement de 1674, ordonné par les troupes de Louis XIV, aurait dû sceller l’histoire du château. C’était sans compter sur l’installation d’une chapelle dans l’année ou celle suivante. L’arc chanfreiné du niveaudu logis de la poterne témoigne cet établissement ultime et tardif.

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